dimanche 12 décembre 2010

Mardi 13 décembre 2011 : @idee_noire

À un moment donné je fis une recherche sur Google. Je voulais savoir si réellement j'étais dépressif, et si oui à quel point. Le test 'beck' me fournit une réponse en 5 minutes, une réponse tout à fait claire : Je me trouvais déjà au niveau 2, qualifié de 'Avancé' par l'outil.
Je vivais seul, je n'avais personne avec qui parler, mais j'avais Twitter, et surtout je disposais déjà de plus de 3000 fidèles abonnés. Alors Twitter me servit de thérapie.

Mon nouveau pseudo me sembla évident : @idee_noire; quant au logo, mon choix se porta sur un oiseau à la con, pas la version bleu roi si représentative du réseau, mais un spécimen bien noir, avec des grands yeux imbéciles et un long bec d'un jaune terne… Un oiseau qui faisait la gueule - un corbeau, sans l'ombre d'un doute.

Et puis je me mis à tweeter, à injecter mon venin à tous mes gentils abonnés sous perfusion, à nourrir le fil d'idées noires, des idées du genre à vous donner le goût de vous intéresser à votre propre mort.
Rapidement je me rendis compte que mes tweets rencontraient un vif succès, les retweets se faisaient fréquents, nombreux, et j'étais cité, souvent. Ma petite communauté d'abonnés se mit à se développer à grande vitesse.
Tout ça me faisait énormément de bien; à force de tweets je soulageais ma misère morale, et je n'avais pas besoin de pilules.

Ce n'est que bien plus tard que je fis le lien avec les Évènements. 
Ce soir-là je consultai les nouvelles sur mon  iPad 3G - assez machinalement je dois dire, tellement de flux RSS - lorsque je me rendis compte qu'il était beaucoup question de la vague de suicides. Un journaliste plus curieux que les autres avait fait quelques recoupements : 90% des victimes utilisaient Twitter, toutes étaient francophones, toutes résidaient au Québec.
Un frisson me parcourut l'échine, je n'avais pas consulté mes stats depuis plusieurs mois et je perdis quelques minutes avant de parvenir à afficher mon dashboard. Mais ce que je vis était clair, et je fis mon propre recoupement : À force de tweets j'étais devenu pour plusieurs une sorte de guide macabre, montrant chaque jour un peu plus loin, un peu plus clairement, le chemin vers l'ultime recours. 
En quelques mots terribles, je résumai la situation : j'avais causé leur mort.

1 commentaire:

  1. Mes tweets leur instillaient jour apres jour un mortel venin

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