Mercredi 22 Décembre 2038 : Le Numérique, remède à la maladie d'Alzheimer ?

Nous y étions. 131 longues années après avoir pour la première fois décrit cette maladie, nous y étions. Alzheimer. Un mot qui fait toujours peur et qui terrorisa plusieurs générations d'occidentaux, des baby-boomers à la génération Y; des occidentaux qui assistèrent, impuissants, chez leurs parents, au lent, irréversible et finalement mortel processus d'oubli de soi, des autres, du monde…

Pendant des années, des chercheurs s’étaient acharnés à identifier les causes de cette maladie. C'est finalement l'Inde qui en fournit la clé. 

Pays où les mères porteuses foisonnaient dans les années 2000, l’Inde n’avait pas cru bon - et peut-être à juste titre - de mettre en place des lois éthiques relatives aux expériences d’ordre génétique. Cela comportait un risque, c’est vrai, mais c’était aussi le seul 'terrain de jeu' au monde où l’on pouvait espérer trouver des remèdes à certaines maladies dites incurables.

Ce fut la rencontre, il y a 15 ans, d’un scientifique français de renom, Fabien Pifferi, et de Doug Eriomem, un américain expert en informatique et en biomécanique, qui mena finalement aux résultats dont on se félicite aujourd’hui. 

Le professeur Pifferi avait étudié l’Alzheimer sous différentes formes depuis son entrée à l’université à la fin des années 1990, et avait identifié la source de la maladie à son stade primaire : Un taux anormal d’adrénaline se libérait subitement dans un contexte calme quelques heures avant la perte de mémoire. La solution qu'il avait trouvée n'était évidemment pas applicable : Oui on parvenait à stabiliser l’adrénaline mais cela rendait les sujets durablement psychotiques.

Doug Eriomem avait quant à lui inventé la première « Wifi Export Data Key » : une clé USB qui, lorsque qu’elle était branchée à un périphérique, pouvait envoyer des données à distance sur des serveurs afin de les sauvegarder de façon sécuritaire.

Ensemble et en à peine 3 ans, les deux scientifiques avaient uni leur expertise pour contrer l’Alzheimer - pas un vaccin traditionnel mais plutôt une sorte de parade : Lier le cerveau humain à un prototype de la clé USB munie de capteurs biomécaniques.
À force d’expériences sur des cobayes Indiens, la parade avait été trouvée : À chaque fois que le taux d’adrénaline augmentait subitement, la clé « WEDK » se mettait en marche en exportant en temps réel 'l'actif cérébral' du cobaye. Et lorsque le taux s’abaissait, un transfert de données inverse se mettait en branle. Le cerveau récupérait donc les données saines qui, via téléchargement, avaient automatiquement écrasé les données corrompues.

Il semble acquis que les deux hommes se verront attribuer le prochain prix Nobel de Médecine. Ils l'auront mérité.

(Texte de Julien Messu, merci encore Julien)

Samedi 12 juin 2035 : Rien n'avait été empêché

En ces temps particulièrement troublés, il était tentant de se replier sur soi, de jeter un regard en arrière. Et, dans sa retraite forcée (il n'était absolument pas question de sortir), c'est ce qu'il fit.

Durant les années 2000, les toutes premières du siècle, un certain nombre de Changements  - avec un C majuscule - semblaient absolument incontournables. Des thèmes bien précis revenaient régulièrement sur le devant de la scène. L'Écologie, bien sûr, mais aussi la Consommation, la Mondialisation...

Aujourd'hui, quelques décennies plus tard, il fallait bien se rendre à l'évidence : Aucun de ces Changements n'avaient réellement été amorcé. 

De tout ce qu'il aurait fallu empêcher, rien n'avait été empêché.

Et il était incroyable de voir à quel point le monde, la société, avait changé. 

Les désormais lointaines années 2000-2010 apparaissaient comme un mirage irréel, impossible, un monde absurdement débauché et décadent.

Lundi 5 octobre 2081 : Le dernier stylo

L'attitude de l'éducatrice, la main tendue, impérieuse, était sans équivoque.

La petite fille regarda une dernière fois l'objet oblong, d'un noir luisant, qu'elle serrait dans son poing.

Depuis les premiers jours de septembre, elle n'avait eu que quelques semaines pour s'y essayer, quelques semaines de magie au cours desquelles elle avait pu s'initier, avec les autres enfants de son groupe, aux mystères de la calligraphie, une discipline dont ses parents ne se souvenaient qu'à grand-peine.

Mais la Réforme avait été soumise aux Critères, et les Critères l'avaient entérinée. La décision du Logiciel était sans appel.

Il fallait bien se rendre à l'évidence : Plus personne, désormais, n'avait l'usage d'un stylo; que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle cet instrument d'écriture, plusieurs fois millénaire, était chose du passé.

Apprendre aux jeunes à s'en servir pour la rédaction de texte était absurde, pourquoi un outil d'écriture dans un monde ou le support papier a totalement disparu, ou seules comptent les productions pluri-sensorielles des méta-interfaces ?

Finalement, elle tendit son stylo à l'éducatrice. 

Bien entendu, il allait être recyclé. Le tout dernier stylo.

Vendredi 13 août 2020 : L'iPhone et la mort

L'appli avait été lancée juste avant le pic de la pandémie; de fait, elle avait immédiatement rencontré un succès conséquent, plus de 100 000 téléchargements rien que dans la 1ère journée.

En substance, le programme permettait, via tout Smartphone équipé d'un capteur numérique, de réaliser un portrait mortuaire convaincant, au rendu amélioré selon les paramètres spécifiques de l'utilisateur.

D'un visage ravagé par la maladie, par la lutte des tout derniers jours, on parvenait à un portrait apaisé, magnifié même par l'ajout numérique de divers 'décors' et accessoires empruntés à l'art mortuaire traditionnel.

Ça n'avait l'air de rien, d'un détail, ce n'était qu'un programme de 'réalité augmentée' de plus, mais le logiciel avait de fait aidé des milliers de personnes à faire le deuil de leurs proches disparus.

Lundi 5 juin 2062 : Le Grand-Père si proche

On n'avait pas encore réussi à vaincre la mort - ce n'était pas faute d'y consacrer des ressources importantes, mais le défi était de taille - par contre on avait développé différents outils afin d'en limiter les impacts, notamment inter-générationnels.

L'exemple le plus frappant était l'application 'Family Connexion', qui permettait à un senior, moyennant quelques heures d'échange structuré avec son interface 'Port, de construire une sorte de 'dialogue possible' avec des petits-enfants qu'il ne connaîtrait probablement jamais.

Plusieurs générations furent ainsi artificiellement mises en contact avec leurs grand-parents (mais aussi parents, dans le cas de maladies incurables) ; elles purent communiquer - évidemment sur un mode pré-convenu - avec elles et essentiellement se voir transmettre un certain nombre de valeur jugées fondamentales.

Cela contribua certainement à maintenir un semblant de cohésion dans la collectivité.

Jeudi 31 octobre 2018 : L’Halloween du Capitaine Matthews

10 mois après le début de la guerre entre les États-Unis et l’Iran, les américains venaient de remporter une importante bataille. En effet, basés sur des informations des services secrets français confirmées par leurs homologues britanniques, les américains avaient enfin les coordonnées de la base « fantôme » de Maheh, l’une des bases secrètes iraniennes.

C’était donc l’heure de tester les nouveaux drones de l’U.S Army, équipés d’AGM-666 GHA (Go to Hell Ahmadinejad) derniers missiles Air-Sol et les AIM-2015 Stingers, missiles Air-Air. Les chercheurs Américains avaient réussi à développer de nouveaux matériaux permettant la fabrication de drones et armes ultra légers qui pouvaient transporter le même armement qu’un Raptor F22 version 2010. Au lendemain des crises économiques de 2009. 2014 et 2017, la guerre était encore le seul domaine d’activité qui permettait aux USA de maintenir la tête hors de l’eau.

Décollant du nouveau porte-avions USS Clinton situé dans le golf d’Oman, les drones étaient pilotés depuis le sol américain, ce qui était commun depuis une quinzaine d’années. La technologie avait tellement évolué que les différents pilotes de chasse opéraient depuis chez eux via un modèle « bêta » de la prochaine génération de Xbox, offert et distribués au top 50 des meilleurs joueurs en ligne du jeu H.A.W.K Épisode 6.

Emmené par le Capitaine Jason Matthews, l’escadron composé de 12 drones  venait de pilonner et d'éliminer 228 militaires et civils, femmes et enfants, des bidonvilles alentours. Aucune perte côté américain : 15ème mission de suite réussie pour le Capitaine. Depuis la mort de Bill Gates, Microsoft Games avaient été racheté par le gouvernement américain dont le programme top secret « Play and kill » avait été mené à terme par l’armée. Matthews en était le parfait exemple.

 « - Jason dépêche-toi de mettre ton costume d’Halloween et vas accompagner ta sœur » cria la mère de celui-ci.
Jason, 11 ans, avait fini sa mission et était prêt à aller chercher les bonbons avec sa sœur pour l’halloween.

Idée originale et texte de Julien Messu - Merci Julien :)
(Ça fait froid dans le dos, espérons que la réalité ne rattrape jamais ce type de fiction !)