lundi 30 août 2010

Lundi 5 juin 2025 : Nécro-Facebook

En date du 5 juin 2025, Facebook publia un bref communiqué : Près de 30% des 2,4 milliards de profils enregistrés sur ses serveurs étaient des comptes posthumes, des comptes de personnes décédées.
Un véritable cimetière virtuel.

À mesure que les bouquets de fleurs - et les humains - se faisaient plus rares dans les cimetières réels, les 'posts' se multipliaient sur leurs équivalents Internet. Des photos, de courtes vidéos, une infinité de traces numériques de toutes sortes, témoins d'époques révolues.
Des documents qui ne connaîtraient jamais la moindre altération, la moindre oxydation.

Cela représentait un espace de stockage conséquent sur les serveurs, mais le jeu en valait la chandelle côté pub, tant le trafic était important, croissait sans cesse.

samedi 28 août 2010

Jeudi 22 mars 2031 : Document d'archive : Communiqué, en date du samedi 28 août 2010, de Simon Hénault, fondateur de la communauté Linked Québec





La fin de la première décennie du XXI vit l'émergence rapide, sur Internet, d'un grand nombre de sites consacrés aux échanges communautaires.
On les appelait les 'Médias Sociaux' - Facebook, aujourd'hui totalement tombé en désuétude, en constituait l'exemple le plus marquant, avec plus de 500 millions de membres !
LinkedIn, l'une de ces plateformes, se distinguait par un réseau conséquent (75 millions de membres mi-2010) et par son orientation essentiellement professionnelle.

Voici comment on en parlait alors, comment on justifiait le recours à cet outil (le texte original a été allégé, seuls sont conservés les points jugés essentiels) :

'LinkedIn, ça sert à quoi ?

Linkedin a déjà 7 ans. Curieux n’est-ce pas, puisque sa popularité semble récente… du moins au Québec. En fait, au cours des 12 derniers mois, le principal réseau social d’affaires au monde a doublé de taille, passant de 35 M à 70 M de membres, dont 2 M au Canada et 500 000 au Québec. Bon, c’est encore peu comparativement aux 500 M d’adeptes de Facebook. En revanche, le profil de ses membres est tout autre. Le membre moyen de LinkedIn fait plus de 100 000 $US par année. Dans ce cas, branché ni signifie pas fauché. Plus important encore, LinkedIn est un réseau d’affaires avant tout. Oubliez donc les photos du week-end et les commérages – les gens font de la vraie business sur LinkedIn.

LinkedIn offre de très nombreux bénéfices, et ce, entièrement gratuitement :

1. Communication externe : Oubliez les adresses courriel erronées, les CRM et les applications de campagnes de courriels – LinkedIn a tout simplifié et tout intégré.

2. Communication interne : Démarrez un groupe réservé aux employés de votre entreprise. Bénéficiez de leurs contacts, partagez vos connaissances et soyez averti de tout changement.

3. Développement des affaires : Rehaussez votre visibilité et soyez trouvé par des milliers d’utilisateurs. Trouvez vos clients et partenaires potentiels, et renforcez vos relations d’affaires.

4. Emploi : Ciblez des entreprises, demeurez au fait des postes à combler, rejoignez les recruteurs ou tout contact au sein des entreprises visées.

5. Expertise : LinkedIn est un annuaire riche d’experts. Grâce à la recherche avancée, trouvez un spécialiste de n’importe quel sujet, secteur, entreprise ou région.

6. Formation : Obtenez les réponses à vos questions, lisez les commentaires des membres et prenez connaissance des contenus de vos contacts.

7. Intelligence d’affaires : Demeurez au fait des embauches de vos concurrents et des nouvelles au sein de votre industrie. Posez vos questions à vos contacts, aux membres de vos communautés ou aux anciens employés de vos concurrents.

8. Recrutement : Plus de 80 % des recruteurs utilisent LinkedIn. Rien de surprenant puisque cet outil vous donne accès à la feuille de route de millions de candidats.

À propos de l’auteur

Fondateur de Linked Québec, Simon Hénault ( http://ca.linkedin.com/in/simonhenault/fr ) est un formateur LinkedIn (formations en développement des affaires, solutions de recrutement et développement de communautés). Il accompagne aussi les professionnels et les entreprises B2B dans l’élaboration et l’implantation de stratégies de développement des affaires Web, notamment par la réalisation de contenu percutant et leur mise en valeur par le biais de LinkedIn.

Simon vous invite à joindre la plus grande communauté d’affaires au Québec – le groupe LinkedIn Linked Québec : http://bit.ly/LinkedQuebec (eBook : http://bit.ly/LQeBook).

Il vous invite aussi à écouter la formation en ligne LinkedIn (http://www.centre-info.com/podmedia/2009/04/linkedin-le-guide-complet/) la plus consultée dans la francophonie :

1. Pourquoi utiliser LinkedIn ?
2. Comment remplir votre profil LinkedIn ?
3. Comment créer votre réseau LinkedIn ?
4. Comment optimiser votre présence dans LinkedIn ?
5. Comment effectuer une recherche dans LinkedIn ?
6. Comment gérer la confidentialité de vos informations ?
7. Comment trouver un emploi par le biais de LinkedIn ?
8. Comment trouver des clients par le biais de LinkedIn ?'

jeudi 26 août 2010

Jeudi 2 mai 2054 : Le blogue oublié


Le Palm gisait au fond de la boîte, caché sous de vieilles babioles.
C'était un modèle Lifedrive, année 2005, le seul de la série à utiliser un mini disque dur d'une capacité - conséquente pour l'époque - de 4 Go. De quoi stocker jusqu'à 4 films en entier, pas forcément en haute définition, mais quand même... Cela en faisait rêver plus d'un alors.

À côté se trouvait - une chance vu l'état vraisemblable de la la batterie après tout ce temps - le câble d'alimentation et son transformateur, massif, d'un noir terne.
Sans trop y croire elle se saisit des deux éléments, et les brancha dans la prise secteur la plus proche. Le PDA revint à la vie, son écran s'illumina, afficha son message d'accueil, et invita finalement l'utilisateur - quel qu'il soit - à saisir les paramètres principaux, à commencer par la date. Par défaut s'affichait le 1er janvier 2005, plus de quarante années en arrière.

Le Palm était à nouveau fidèle au poste, prêt à stocker, à gérer, le data indispensable à tout professionnel - version 2005 s'entend - qui se respecte : Agenda, contacts...
Distraitement, elle joua dans les menus, s'enfonça dans l'arborescence des fichiers.
La mémoire n'était pas vide.

Dans le répertoire des 'notes', un fichier avait échappé au dernier 'hard reset', mais son contenu mit quelques instants à apparaitre sur l'écran du Palm.

À première vue, il était difficile de déterminer à quoi correspondaient les deux lignes de codes du document ; une rapide recherche via son 'Port gauche lui apprit néanmoins qu'il s'agissait d'une adresse URL - très longue, complexe - et qu'à priori les deux termes qui suivaient étaient 'l'alpha et l'oméga' des 'logs' des premiers temps de l'ère Internet : Un nom d'usager et un mot de passe. Furieusement archaïque.

Évidemment, se disait-elle, cela ne pouvait pas être encore en ligne, impossible...
Une seule manière de vérifier, se connecter, rentrer l'URL, et voir ce qui se passe...
En quelques enjambées rapides, elle rejoignit donc son Interface Individuelle, et lança d'un glissement précis de son index l'appli méta-web 5...

Au début, ce fut très déroutant, la page qui s'affichait était en effet absolument plane. Très inhabituel pour elle, habituée qu'elle était, depuis son enfance, aux mouvements constants et fugitifs qui habitaient son cubicule transoriel.

La première chose qu'elle remarqua ensuite, mis à part la page d'accueil curieusement vierge, ce fut la colonne de droite, consacrée aux archives du blogue - puisque c'était un blogue - Dernière date de publication : Mardi 31 août 2010.
Après quelques essais infructueux, elle finit par obtenir de l'interface qu'elle active ce lien, et un texte dense, aux interlignes minuscules, se matérialisa, flottant devant ses yeux dans l'espace sensible.

Il lui fallut quelques instants pour assimiler ce qui était écrit, à défaut de parvenir immédiatement à en saisir la portée. Une boule de ciment se matérialisa au creux de son estomac.
Le contenu du texte venait en effet bouleverser l'histoire de sa famille, à tout le moins le portrait qu'elle s'en était fait...

C'était son grand-père qui s'exprimait, son grand-père qui, au travers de sa prose ancienne et surannée, lâchait une véritable bombe :

'Cher(s) enfant(s),

Si vous lisez ce fichier, c'est que mon petit stratagème a fonctionné, et que la vérité a trouvé son chemin vers la lumière.

Il faut tout d'abord que vous sachiez que, quelle que soit votre origine, quels que soient les détours que la technologie nous a amenés à prendre, tous, mon amour de père pour vous est entier, et intact.

Mais il est des choses qu'on ne peut indéfiniment cacher, sous peine de les voir pousser leurs racines vénéneuses de génération en génération.

Et donc voici : Ma deuxième fille Estelle, née le 5 mai 2007, n'a pas été conçue de manière naturelle, elle est en fait issue de procédés totalement inédits, et interdits.
On ne parle pas ici de simple FIV, on parle d'introduction délibérée, au sein de son capital génétique, de matériel capable de modifier en profondeur son système nerveux. Le lien au bas de ce post devrait vous mener directement au Mémoire détaillé, protocole /:S2L.

Je sais aujourd'hui que mes jours sont comptés, que sans doute je ne verrai pas la fin de cette année 2010. Pour le moment Estelle est une petite fille comme les autres, et mon Dieu comme je l'aime, et comme je regrette, et combien j'ai été lâche, mais il ne fait aucun doute que cela changera, l'expérimentation dont elle a été l'objet n'a absolument rien d'anodin. L'avenir me fait peur.
Je ne m'attends pas à être pardonné, ni même compris, mais encore une fois, je devais révéler ce secret, trop lourd de conséquence'

Le texte flottait toujours, baigné d'une faible lumière vers le fond de l'espace sensible du cubicule.
Elle leva ses yeux jaunes, et regarda le ciel noir dehors, à travers le Plex sécurisé.
Elle se mit à pleurer doucement, des larmes lourdes glissaient, tachaient sa peau élastique et malade.

mercredi 25 août 2010

Mercredi 25 août 2010 - Sur et sous la Surface


La Surface, pour l'humanité, c'est un repère. Je m'explique.
Jusqu'à une époque récente, le savoir s'appréhendait, se comprenait, se consommait SUR la surface. Le peintre déposait ses couleurs sur la surface de la toile ; l'écrivain, le penseur, couchait ses idées, ses pensées sur la surface du papier - et du parchemin, voire de la pierre pour les époques plus lointaines.
Et de fait, le savoir était bien 'cadré' dans les limites de ses supports physiques. C'était évidemment simple, mentalement rassurant.

Aujourd'hui, c'est SOUS la surface que l'on place et que l'on organise le savoir. Sous la surface de plastique ou de verre de nos innombrables écrans.

Le savoir est sous la Surface de l'écran, il est infini, consultable sans limite, sans cesse changeant, et c'est comme un océan sans fond.

lundi 23 août 2010

Lundi 22 juin 2023 - Le meilleur vendeur de l'équipe


En dehors du cercle restreint de sa famille, de ses amis proches, il n'aimait pas le contact humain.
Mais ça n'avait aucune importance, il était - et de loin - le meilleur vendeur de l'équipe, plongé en permanence dans les arcanes des réseaux sociaux.
2 heures de Linkedin par jour, facile. 45 tweets en moyenne, puisés dans les meilleures sources, auxquelles il était pluggé en permanence via ses nombreux flux RSS. Son profil Facebook contribuait bien à la cause, lui aussi - 7 jours sur 7, 24h. sur 24.

Dans son 'système', tout était savamment relayé, orchestré, afin de générer du business, dans un flux continu d'échanges, de requêtes, de discussions aussi bien lancées que répondues.
Du bruit, du bruit, une masse de trafic virtuel en amont et en aval, la vraie recette du succès !

Et ce mois-ci, pour la 4ème fois consécutive, il allait battre son record de vente !

dimanche 15 août 2010

Lundi 5 novembre 2047 - Le meilleur des hasards vous est absolument garanti

 
A bout d'idées, de ressources - il n'y avait pas d'échappatoire - elle se décida enfin à toucher d'un doigt hésitant la boîte 'je lance les dés'.
Sur son écran tactile se lança une petite cinématique destinée à couvrir le temps de calcul - 'Le meilleur des hasards vous est absolument garanti', clamaient les pubs sur les 'ports collectifs, partout en ville - sur les serveurs de l'État, installés Dieu sait où.

Dans une minute à peine elle allait savoir si l'accès à une retraite paisible et isolée lui était accordé ; ou si au contraire son existence se terminait aujourd'hui.

Elle avait 65 ans, et c'était le jour de la Décision.

lundi 9 août 2010

Jeudi 12 janvier 2061 - Musique familiale


Il se connecta et fit rapidement l'inventaire de ce que l'espace Cloud contenait : Du stockage de musique sur 3 générations, depuis que son grand-père avait créé son compte iTunes le 23 mars 2005.

La fonction Shuffle, qu'il activait régulièrement depuis son 'port personnel, le fascinait tout particulièrement. Il adorait laisser l'interface tactile organiser des listes autour de liens chronologiques, d'un style à un autre, d'une mode à une autre. Intéressant quand on possède plus de 50 000 morceaux de musique.

...Certains artistes, apparemment très populaires à leur époque, avaient carrément sombré dans l'oubli ; leurs noms ne lui évoquaient absolument rien.

dimanche 8 août 2010

Mardi 13 avril 2071 - Sa vie dans le disque dur



Il ouvrit encore une fois les yeux. Une nouvelle fois il fit du regard le tour de sa chambre. La chambre où il allait mourir. 
Le mobilier en était très simple. Après tout, on était dans un hôpital, un lieu où avant tout compte la fonctionnalité des choses.
Il y avait donc devant le lit une simple chaise en aluminium, au fond contre le mur une petite table, tout juste bonne à accueillir les fades déjeuners que l'infirmière - rarement la même - apportait chaque matin. Une large fenêtre laissait ruisseler la lumière blanche du matin. Un petit lavabo qui avait connu des jours meilleurs. Au plafond se trouvait fixé l'inévitable écran multifonctions, surf illimité et garanti. Le nouvel opium du peuple - Enfin, un opium en 'open bar' depuis bien longtemps maintenant.

Il avait vécu plus de 100 ans. Un score rarement atteint du temps de sa jeunesse, mais désormais très commun. Mourir à 100 ans c'était même, pratiquement, mourir jeune.
Mais il en avait assez vu. La vie l'avait bien assez marqué.
Des sillons creusaient la peau de son visage, flou et cireux ; quant à son regard, autrefois pénétrant, il avait perdu toute intensité. Son corps se vidait lentement de son énergie, à mesure que passaient les heures, les jours et les nuits.
Il était temps vraiment, et c'était bien dans l'ordre des choses.

Il pouvait mourir maintenant.
Sa vie toute entière était dans le disque dur.